samedi 22 décembre 2018

Les mauvais comportements des investisseurs : exagération de l'expérience

Les mauvais comportements des investisseurs : exagération de l'expérience

La théorie de la finance moderne suppose généralement que les gens sont tout à fait rationnels, incorporant toutes les informations disponibles instantanément dans leurs attentes. Pourtant, les chercheurs ont découvert que nos expériences personnelles ont un impact disproportionné sur nos attentes et nos prises de risques. En d'autres termes, nous sur-pondérons souvent nos propres expériences personnelles au détriment des informations souvent plus objectives et exactes.

Comment nos expériences personnelles affectent nos décisions d'investissement ?

Les chercheurs ont constaté que nos expériences ont un impact disproportionné sur le montant que nous allouons à notre épargne pour la retraite, notre volonté d'acheter une action, notre propension à participer à une introduction en bourse et nos décisions de diversification de portefeuille.

Les données suggèrent que les investisseurs qui ont une expérience de rendements moyens ou une faible ont tendance à épargner plus. Pendant ce temps, comme en témoignent les trades des brokers aux États-Unis pendant les années 1990, les investisseurs ont fuient les actions qu'ils avaient précédemment vendues à perte et les actions qui avaient pris de la valeur après avoir été vendues. Les investisseurs tentent probablement d'éviter des sentiments négatifs associés à des regrets et des déceptions.

Nos observations personnelles sur l'environnement macro-économique ont également un impact sur nos rendements, la volatilité de nos attentes, la prise de risques et les décisions de financement. Par exemple, sur la base des données du Michigan Survey of Consumer Attitudes (une enquête sur les attitudes des consommateurs), les traders s'attendent à des rendements plus élevés des marchés boursiers et une volatilité plus faible en période d'expansion économique que durant les récessions. Les chefs d'entreprise qui ont vécu la grande dépression ont ensuite choisi une structure de capital plus prudente avec moins de levier.

Sur la base des données recueillies entre 1960 et 2007 de l'enquête sur les attitudes des consommateurs, les personnes qui ont connu de faibles rendements dans les marchés boursiers au cours de leur vie ont tendance à être plus pessimistes sur les rendements futurs et à avoir plus d'aversion au risque. Elles sont donc moins susceptibles de participer aux marchés boursiers ou choisissent d'investir une fraction plus faible de leur liquidité dans des titres boursiers.

Quelles sont les implications de ces mauvais comportements pour le portefeuille des investisseurs ?

En répétant simplement les comportements d'investissement qui ont abouti à de bons résultats dans le passé et en évitant ceux qui ont abouti à des résultats médiocres, il est potentiellement possible d'éliminer des informations importantes qui pourraient aider aux performances futures. C'est le principal problème créer par le fait de prendre en compte nos observations et expériences personnelles pour déterminer nos attentes des risques et construire un portefeuille.

Par exemple, une personne qui a connu de faibles rendements dans les marchés boursiers peut réduire ses cotisations de retraite, au point de ne pas atteindre ses objectifs de retraite. Les jeunes générations d'aujourd'hui qui pendant les 15 dernières années ont vu deux grands krachs boursiers, peuvent être particulièrement enclin a évité les investissements dans les actifs risqués s'ils fondent leurs décisions uniquement sur leur propre expérience.

Quelles mesures les investisseurs peuvent-ils prendre pour atténuer l'impact négatif potentiel de ce biais sur leur performance?

La clé est d'élargir les horizons et de prendre conscience de notre tendance à la partialité des expériences personnelles. Plus précisément, les investisseurs devraient envisager d'allonger la période de temps sur laquelle ils fondent leurs évaluations de rendement et de risque pour inclure différents scénarios macro-économiques.

Avec les dangers des estimations ponctuelles, les portefeuilles doivent être des scénarios avec un stress test pour les différents types d'environnements, les sources de données utilisées pour effectuer des évaluations doivent intégrer un large éventail d'informations, allant de la macroéconomique aux données spécifiques de l'entreprise.

Je préconise également d'utiliser une méthodologie d'investissement fondée sur des règles systématiques avec des filtres quantitatifs simples ou des modèles d'investissement complets pour prédire la juste valeur et aider à construire un portefeuille. Cette approche peut potentiellement aider à éliminer les préjugés.